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Faut-il revenir à 90 km/h sur certaines routes départementales du Gard  ?

Dans Le Monde du 2 août 2022, on peut lire : « La vitesse maximale sur les routes départementales du Puy-de-Dôme est repassée à 90 km/h. Une décision déjà actée par quarante-cinq départements dont l’Ardèche, quatre ans après l’instauration des 80 km/h sur une partie du réseau routier secondaire. » Près de la moitié des départements métropolitains ont fait ce choix au cours des deux dernières années sur toutes ou partie des routes secondaires.

Le Gard n’en fait pas encore partie, mais en septembre dernier, la présidente du Département se dit « favorable à un retour partiel ou total aux 90 km/h dans le département » (entretien - La Gazette de Nîmes). Alors, faut-il revenir à 90 km/h sur certaines routes départementales du Gard ?

Pour :

Certains automobilistes se disent perdus. Selon eux il faudrait harmoniser la limitation de vitesse, au moins avec les départements limitrophes, en l’occurrence l’Ardèche et l’Aveyron qui sont déjà revenus pour 100 % des routes à 90 km/h, 30 % en Lozère, et 10 % dans l’Hérault début septembre.

Contre :

Un conducteur doit respecter tous les panneaux routiers, il doit être attentif aux limitations quelles qu’elles soient, c’est une question de sécurité. L’argument d’harmonisation ne tient pas car le contexte de chaque route est bien spécifique.

Pour :

De plus, les automobilistes se plaignent de l’allongement des temps de trajet, certains élus évoquent la perte de compétitivité économique et d’attractivité de leur territoire. La limitation de vitesse pénalise les zones rurales. 

En Ardèche 75 % des 2 800 personnes interrogées approuvent la décision du président du département, surtout en raison de la possibilité de dépassements rapides de véhicules trop lents.

Contre :

L’allongement des temps de trajet correspond plus à un ressenti qu’à un accroissement sensible des durées de déplacement : la densité du trafic, les traversées de village ont souvent un impact plus significatif que les pointes de vitesse en ligne droite.

La vitesse est le facteur déterminant de la gravité des accidents. L’énergie cinétique d’un véhicule varie en fonction du carré de la vitesse. Une réduction de 90 km/h à 80 km/h baisse de 21% l’énergie d’un choc avec un obstacle ou un autre véhicule.

Selon la sécurité routière, après le passage à 80 km/h, 2018 est l’année la moins meurtrière sur les routes. La Ligue contre la violence routière se mobilise aussi contre le retour à 90 km/h. 

Pour :

La Ligue de Défense des Conducteurs conteste les résultats de la Sécurité routière qui affirme que les 80 km/h avait sauvé 349 vies en 2018, selon la première sans prendre en compte les autres facteurs identifiés des accidents (alcool, stupéfiants, somnolence, téléphone au volant). D’ailleurs, il n’y aurait pas de danger particulier à repasser à 90 km/h, car seules les routes de plus de 10 kilomètres, sans intersection ou arrêt-bus, et qui ne traversent pas de hameau, sont susceptibles de faire l’objet du relèvement, ceci seulement sur avis (consultatif) de la commission départementale de la sécurité routière.

Contre :

Ce relèvement à 90 km/h aura un impact négatif sur l’environnement. L’ADEME avait tablé sur une réduction de 30 % des émissions de gaz à effet de serre, lors du passage à 80 km/h, qui avait aussi permis de réduire les bouchons, et donc, des émissions de particules.

De plus, l’automobiliste roulant à 80 km/h maximum réalise des économies de carburant. C’est un facteur qui compte au moment où chaque citoyen, chaque entreprise et chaque collectivité sont invités à réduire leur consommation. Sans compter le coût élevé pour la collectivité de l'opération d’un nouveau remplacement des panneaux de signalisation. 

Pour :

La réduction généralisée de la vitesse, en ignorant les spécificités de chaque route, est une solution de facilité. Il vaudrait mieux réaménager les zones accidentogènes. Mais, bien sûr, cela demande un travail d’analyse de chaque site et des investissements.

Contre :

Au moment où les budgets des Départements sont très serrés, la réduction de la vitesse reste une mesure peu coûteuse dont les effets bénéfiques vont se cumuler dans la durée.

Sans conclure :

La réduction de la vitesse sur route comme sur autoroute est un sujet qui fait polémique. La France, comme tous les pays grands consommateurs d’énergie, doit aujourd’hui imaginer ses modes de déplacement de demain : il serait sans doute intéressant d’élargir le débat à la remise en cause de nos habitudes de déplacement et aux moyens de mieux répondre à nos besoins.

Le Département engage une réflexion sur la question du relèvement à 90 km/h. Et vous qu’en pensez-vous ?

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